A la frontière



Le récit de Pivoine, le fouet d'amour, a soulevé et de l'admiration quant à la fluidité de l'écriture, et des interrogations quant à la place de la fessée dans les pratiques en entre adultes.

La fessée, même appuyée, est t'elle à ranger dans des tirroirs identiques à ceux du sado-masochisme avec cuir, torture, ...?

Les adeptes de la fessée s'en défendent. Se trouve t'on à la frontière ?

En tout état de cause, merci à Pivoine pour un si joli texte
 

Fesseur001 ouvre le débat

                                 Il est bien difficile de tracer la ligne de démarquation entre la fessée et le SM.

                                 Sur le sondage, plus de 80 % voient une différence entre la fessée et le BDSM.

                                 Par contre, sur le même sondage, un fort % de gens seraient disposés à recevoir la fessée attachés.

                                 Donc, serait-ce que nous associons trop rapidement le fait de se laisser attacher au BDSM ?

                                 De toute façon, nous sommes en zone grise. Je n'ai rien contre les attaches et les dongeons lorsque le contenu de l'intervention se
                                 limite à la fessée. Le reste est du théatre
 

Pivoine nous parle d'amour, et çà change tout

                                 D'abord, merci d'aimer mon écriture, ça me fait très plaisir  !

                                 Ensuite, soyons clair : rien à voir, tout ça, avec le SM. Je précise.
                                 * Attachée, oui, mais par quelqu'un que j'aime et en qui j'ai toute confiance ; et, de plus, attachée avec une de ces manilles
                                 d'escalade que je peux moi-même enlever si je veux, en faisant glisser la clenche avec mes pouces.
                                 * Des instruments variés et fort en goût, du point de vue du fantasme, mais du point de vue de la douleur, vraiment moins pire
                                 qu'une bonne fessée manuelle ! Il ne s'agit pas de se faire mal ni de se fouetter jusqu'au sang. D'ailleurs mon amoureux ne cessait
                                 de me demander, tout le long, si j'en avais du plaisir, et je lui disais que oui !
                                 * Un certain jeu, certes, à être soumise, mais un jeu, justement. Rien au-delà du jeu - sinon quelque amour, peut-être ? - l'amour
                                 soumet pas mal, il est vrai ! Mais c'est une soumission réciproque...
                                 * Et, effectivement, tu as raison, Fesseur 001, beaucoup de théâtre ! Pas de donjon, pour une fois, mais une belle maison de
                                 campagne, dans un pays superbe, et ce mur qui évoquait toutes les geôles- mais qui était en plein air !
                                 * A-t-on jamais vu une "soumise" recevoir le fouet en pull-over baba-cool ? Mon ami me l'avait laissé pour que je n'ait pas froid.
                                 Au dos. Quant aux fesses, je ne risquais rien !

                                 Bref, que l'art de la fessée débouche sur le fantasme d'être fouettée attachée, je ne m'en offusque guère. Je crois que je
                                 prendrais même la "cane" si elle me faisait vibrer (mais cela n'est pas le cas pour l'instant). Mais ce n'est pas là un univers
                                 obsessionnel. Je n'aimerais pas du tout qu'on me "soumette" dans les différentes activités de ma vie, par exemple. Après le jeu, on
                                 range le matériel et on passe aux affaires courantes.
                                 Je ne veux pas jouer les innocentes : on tient tous, c'est clair, une bonne dose de perversité. Mais a-t-on pensé à ce qu'est
                                 vraiment la perversité ? C'est l'art de l'écart. L'art de viser exprès à côté du but, par timidité, par inhibition ou pour se
                                 protéger. Je ne parle certes pas d'un truc méchantissime, mais de la perversité ordinaire, à petite dose, du fesseur invétéré et de
                                 sa petite amie, masochiste à la petite semaine, qui aime tant se faire taper les fesses quand c'est cet amant-là qui les lui tape ;
                                 grâce à cette perversité-là, on peut enfin vivre nos amours, dire nos désirs, les éprouver.

                                 Dans la mesure où les actions perverses n'interviennent dans l'accomplissement de l'acte sexuel normal qu'à titre de préparation
                                 ou de renforcement, il serait injuste de les qualifier de perversions, écrit Freud p. 302 dans "Introduction à la psychanalyse",
                                 Payot, 1992. On aurait même la caution (quelle bénignité soudaine de sa part !) du bon papa Sigmund !
 

Magalie , toute admirative devant la plume de Pivoine. Et nous la comprenons !

                                 Chère Pivoine,

                                 Ton récit m'a bouleversée. Je suis tout à fait d'accord avec mes prédécesseurs, que tu écris bien ! J'ai lu et relu cette
                                 magnifique séance de fessée et j'en étais tout excitée. Je souhaite de tout mon coeur pouvoir connaître un jour une telle
                                 expérience. Tout y était, le décor, l'ambiance, le rêve quoi !

                                 Mais dis-moi chère Pivoine, j'avais cru comprendre que tu n'appréciais que les fessée légères et que tu détestais les instruments.
                                 Hors là, je ne te reconnais presque plus ! Es-tu en train de changer, d'évoluer dans ta recherche du plaisir ? Est-ce l'amour qui
                                 te conduit ainsi à oser aller plus loin ? Ne crains-tu pas de dépasser le simple stade de la fessée et d'entrer dans le monde tant
                                 décrié ici du bdsm ?

                                 Dis-moi encore (si je ne te lasse pas avec mes questions), que pense-tu de la fessée entre femmes ? As-tu déjà vécu une telle
                                 expérience ? Est-ce que cela t'attire ? Moi, je crois que je suis très excitée à cette idée, non pas de donner, mais de recevoir
                                 une fessée de la main d'une femme (je ne suis pourtant pas lesbienne ni même bi !).
 

 Rose noire,  vanille chocolat

                                 Un merveilleux recit, Pivoine. Tellement bien ecrit, tellement ressenti, tellement poetique et si plein d'amour et de feu. Nous
                                 nous ressemblons sans doute comme des soeurs en luxure et penitence, toi et moi, les mains liees, les fesses cuisantes, et le
                                 souffle rauque de plaisir et de passion, pour le seul, l'unique. l'amant sublime qui nous fait connaitre de tels transports..:-)

                                 Tout cela dans le cadre de la fessee vanille, bien entendu.......:-0
 

Quand Pivoine nous fait de retour le plaisir de son écriture

                                     Mes yeux menthe à l'eau

                                 Salut, Rose Noire... Tu te moques, ah ! Là, tu te moques ! Tu parles de
                                 1. l'homme, le seul, l'unique ; et
                                 2. de la fameuse fessée-vanille, pour les garçons et pour les filles...

                                 Qu'est-ce que je peux te répondre ?

                                 1. Que les hommes sont fatigués, fatigués de faire l'effort d'aimer, qu'ils ne parent plus leur coeur pour ce qui était encore, du
                                 temps du "Roman de la rose", un événement notable... Plus personne n'entre, à présent, au service d'Amour - lequel dieu promettait
                                 pourtant, en échange de la soumission de l'amoureux, de l'élever très haut.
                                 Moi ? Je ne suis qu'une mécanique plaquée sur du vivant, une de plus dans une série si longue, peut-être déjà trop longue, de
                                 femmes toutes pareilles, aux fesses toutes pareilles, et fessées, fouettées toutes pareilles. A-t-on passé le temps d'aimer ?

                                 2. Et si on innovait dans le fouet-vanille ? Fouet-vanille avec manilles ?
                                 Ah, nos petites manilles...
 

                                 Merci, Magalie !
                                 Je suis sensible à ce que tu dis. Je te jure que je ne triche pas. Passer aux instruments, cela ne me paraît pas très significatif
                                 : c'est du théâtre. L'occasion s'en est trouvée pour moi, c'est tout. Je n'aurais pas été les demander, les instruments, ça, c'est
                                 sûr ! Mais puisque ils sont sur mon chemin, et que je suis sur ce chemin... Je suis comme ça, moi, je prends ce qu'il y a, quand il
                                 y en a. J'ai envie de citer Prévert :

                                 J'aime celui qui m'aime
                                 Est-ce ma faute à moi
                                 Si ce n'est pas le même
                                 Que j'aime chaque fois.

                                 Miroir je suis, miroir des sentiments et des désirs des autres. C'est l'autre qui aime - ou qui n'aime pas - ou qui n'aime plus. Je
                                 ne suis qu'une poupée obéissante, une marionnette qu'on fouette, et qui en redemande pourvu que ce soit vanille plutôt que
                                 donjon-noir-c'est-noir ! C'est ma seule limite : le roman noir. "Histoire d'O", le dernier roman noir, dans la lignée d'Ann
                                 Radcliff, d'Horace Warpole et du "Moine" de Lewis, ne m'impressionne guère. Vouloir pour soi-même, femme, une histoire d'O, c'est
                                 viser à sa propre abolition - O, le centre vide, le néant-?uf, le rien tout rond - mais à quoi rime d'être abolie ?
 

                                 Quant à se faire fesser par une femme ! L'idée ne m'en a jamais traversé la cervelle ! Mais après tout, si tu racontes ! Dis,
                                 pourquoi ça te plaît ? Dis, quoi, là, te plaît ? Dis un peu !!!
 

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