La déclaration d'amour de Pivoine

 
Pivoine nous fait part du plaisir qu'elle éprouve d'être fouettée. Mais combien il lui est difficle d'être fouettée sans être amoureuse de celui qui l'a "corrige". 
Si certains passages passages peuvent paraître étranges, voire décousus, c'est parce que ce texte est une déclaration d'amour de Pivoine pour celui qu'elle appelle son "complice".

 
J'ai été fessée deux fois par un homme merveilleux qui n'y est pas allé de main morte.

 J'ai failli devenir folle de tant de jouissance et le flanquer dehors dans l'élan de mon bonheur (un peu comme la mante religieuse bouffe son mâle parce que jouir lui ouvre l'appétit).

Je lui ai même écrit des tonnes de mails dans le style : "tu me fais trop jouir, c'est affreux, je ne peux pas le supporter, je vais tomber amoureuse de toi à force, adieu".

Heureusement, il n'est pas homme à se laisser démonter pour si peu, et il a décidé de me reprendre sévèrement en mains. 

Mes beaux  discours, mes états d'âme, mon petit coeur d'artichaut, et mes raisonnements super-fins dans le style de ce qui précède, il n'en a cure. 

En voilà un qui me fait taire et qui arrête le débit de ma philosophie. 

A la place, je geins, je pleure, je crie, je crie, je crie !

Il m'oblige, séance après séance, à regarder ma jouissance en face, un peu comme on oblige
les chats à faire dans leur plat. 

Il me faut apprendre qu'on n'en meurs donc pas (ni foudroyée par le Créateur, ni conspuée par ses collègues de travail, ni répérée par son mec, ni blâmée par ses amis, ni reniée par sa famille, ni, ni, ni...)

Enfin un homme ! 

J'ai toujours provoqué les autres en étant absolument insupportable, mais personne n'a eu l'idée simplissime de faire sonner de maîtres claques sur mon derrière de sale gosse mal grandie !

Quand je dis que les femmes cherchent la fessée ! 

Je ne dis pas l'estime éperdue qu'on a pour un homme qui ENFIN nous corrige comme on mérite... celui-là, on le regarde soudain avec d'autres yeux. Et on regrette de ne l'avoir point pour mari !

Il m'a donné rendez-vous mardi. Je vais sacrément serrer les fesses jusque là.



Mais comme le monsieur n'est pas mon mari et que de surcroît je le connaissais pas avant de faire cette folie,  les choses méritent que je prenne les armes pour me fouetter moi-même. 

Bref, je me suis conduite comme la pire des traînées. 

Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour. 

Faut-il que ce soit puissant, comme truc, la fessée érotique, pour pousser une bonne bourgeoise à des extrémités aussi peu conformes à sa morale. 

Bref, ça s'appelle le tossing, chez les Ricains, et pour une femme c'est une honte et ça devrait être  puni de 50 coups de canne (au moins). 

Comment voulez-vous qu'après çelà, je mérite l'estime de ton fesseur ?
         
Je préfère rentrer dans mon trou et pleurer de honte. 

D'ailleurs, il ne répond plus à mes mails. 

Il ferait mieux de me corriger sévèrement, puis de me mettre au piquet toute nue sur la pointe des pieds, et d'inventer les supplices les plus raffinés (en esprit, restons calmes...) plutôt que de garder ce silence désolant et méprisant. 

Quoique je le comprenne : je me méprise moi-même d'avoir fait ça. 

Il a dû se dire : encore une femme facile, il n'y a qu'à claquer des doigts (ou claquer ses fesses, pour être plus précise), et elle est partante, non seulement elle se fait baisser la culotte et allègrement fouetter (passe encore) mais en plus, dans l'émotion, elle se donne à un inconnu qu'elle ne connaît pas !

Je suis désespérée. Jamais de ma vie je n'avais fait une chose pareille. 

J'ai dû devenir folle.
                        
Un égarement passager. 

Sauf que nous avons  recommencé dans la semaine. 

Ensuite, je suis partie en vacances, et là j'ai pris avec horreur la dimension de mon ignominie. 

Je voudrais être fouettée aux cris et aux  larmes, et regagner l'estime de mon complice, de mon camarade, de mon compagnon de jeux  dangereux.



Je suis folle, et j'ai fait une folie ; je me sens moins seule et moins dans la détresse, avec votre approbation. 

Vive le monde des fous, où l'on fesse, où l'on jouit, où l'on  aime, et tant pis pour les échecs sur le chemin !

Mon complice ne cherchait qu'à prendre le plus de mouches dans sa toile : il m'a prise, mon amour lui fait peur, il est parti, il en a d'autres sur le feu.

Tant pis, d'autres voudront peut-être jouer avec moi à "l'Amour corrigé" (comme dirait Marivaux), dans la grande cour de récréation !
 

Retour à la page précédante