Salomé
Les scénarios sont en général élaborés
par mon maître, complètement en cachette de moi. Je ne connais,
ni le lieu, ni le moment, ni ce qui va se passer.
JP
Le but du jeu, c’est d’abord de faire fonctionner l’état d’esprit
de Salomé, que je la mette en effervescence, qu’elle soit fébrile,
qu’elle se demande à chaque instant ce qu’il va lui arriver, de
jouer avec les différents sentiments qui vont la traverser, qui
peuvent être la peur, l’anxiété, l’impatience, qui
vont à la fin du compte l’amener à un plaisir absolu.
Salomé
D’abord, c’est merveilleux de pouvoir être l’objet de tant d’attentions.
Je ne connais que peu d’hommes qui prennent autant de temps pour faire
plaisir à leur nana. Il n’y en a pas beaucoup. Moi, j’en ai trouvé
un, je le garde. Mais, c’est vrai que c’est une preuve d’amour extraordinaire.
Ensuite, il y a la réalisation de fantasme. Le fait d’avoir trouvé
un maître sur lequel je puisse compter, qui me permet de me dépasser.
J’avais toujours été attirée par la flagellation,
c’est des images qui se sont imprimées en moi très tôt.
Je ne m’imaginais pas un seul instant me faire fouetter, si je n’avais
pas été accompagnée, et amenée à cela
par quelqu’un. Bien sur je le portais en moi, mais je n’aurais pas fait
la démarche toute seule. J’avais besoins que l’on me dise, «
tu te mets là », que l’on immobilise, et que « maintenant,
on va y aller ».
Je sais que JP m’impose dix coups de cravache, par exemple, je vais
lui en demander encore cinq, parce que je peux le faire. Et puis, une fois
que les cinq supplémentaires sont passés, je peux encore
en recevoir cinq. Et comme cela, jusqu’à ce que je n’en puisse plus.
Et je vais vraiment aller au bout, jusqu’au bout. Et, après une
séance, en général, je suis complètement détendue,
y’a plus rien qui peut me toucher. Je suis sur un petit nuage, je suis
bien, je suis heureuse. Je suis sûrement intouchable à ce
moment là.
Salomé se prépare à une séance de soumission.
Tout dépend si JP a prévu de faire une séance très cérébrale, ou plus physique. Pour le jeu de soumission, il y a les accessoires : cravaches, martinet en cuir, martinet à chaînes, à manier doucement. Un grand fouet, avec lequel mon maître s’est entraîné sur des paquets de cigarettes vides, avant de me toucher, pour pouvoir être sur de bien viser. Parfois, lors d’une séance, il peut arriver que mon maître décide de m’attacher pour dormir, mais cela n’est qu’exceptionnel. Par contre, il peut y avoir une contrainte vestimentaire. Il peut m’envoyer faire des courses en me mettant une corde sous mon chemisier. Ou alors, pendant deux jours, il me demande de porter une ceinture de chasteté. On ne peut pas parler véritablement de plaisir physique. Par contre, dans ma tête, ça « carbure » à cent à l’heure. Le fait de savoir que je vais aller à la poste, acheter mes cigarettes, ou une baguette de pain, alors qu’en dessous je porte une ceinture de chasteté. C’est totalement décalé comme situation. Et puis, il y a la jouissance de savoir que je suis seule avec mon maître à connaître ce secret, la boulangère ne se doutant pas un seul instant que la personne qu’elle est en train de servir porte ce genre d’objet barbare.
Il y a des séances où il n’y aura aucun contact physique.
Je suis seule au monde à ce moment là. Tout me passe par
la tête à ce moment là. Il n’y a plus aucune hiérarchie.
Je vie ces séances exactement comme un sport extrême.
Ce sont des poussées d’adrénaline fortes. Et on a toujours
la recherche de retrouver cette poussée d’adrénaline qu’on
a eu dans les premiers temps, quand on découvrait tout. La première
fois que j’ai eu les yeux bandés, je ne savais plus où j’étais,
je n’avais plus de repère. J’étais totalement livré
à lui.
Le plaisir il est là. On est dans un état presque hypnotique.
Il y a des fois, après une séance, je me demande si je n’ai
pas rêvé, si je n’ai pas halluciné. Parce que l’on
est dans un monde complètement irréel. Et s’il me demandait
de mourir pour lui à ce moment là, je le ferais.
JP
Il faut être une personne qui garde les pieds sur terre, malgré
le jeu, malgré la pression, malgré le plaisir, il faut être
capable de dire : « on stoppe là, on va trop loin . Jusque
là on a pris du plaisir, au delà, on risque de le regretter,
donc on arrête ».
Salomé
Je considère que je n’ai rien à prouver ni à
moi, ni à JP. C’est pour me rassembler, pour me consolider. C’est
comme si l’on avait éparpillé les pièces d’un puzzle,
et à chaque séance je retrouve une pièce. A chaque
séance, j’ai un peu plus confiance en moi, je suis un peu plus moi.
Chaque séance, il y a un élément supplémentaire
qui vient s’ajouter à ce qui a déjà été
construit. Et je suis de plus en plus solide, et je me sens mieux,
en accord avec moi-même.
La fessée n’est pas de la brutalité. C’est quelque chose
d’excessivement cérébral.